Face à un contexte de pressions économiques et de défiance croissante envers l’information, le journal hebdomadaire régional L’Observateur revient sur la manière dont la Journalism Trust Initiative (JTI) permet de valoriser l’intégrité des médias et de réaffirmer leur professionnalisme. Norme internationale mise en place par Reporters sans frontières (RSF), JTI vise à promouvoir des pratiques journalistiques rigoureuses basées sur la transparence, l’indépendance et la responsabilité des médias. 

« En nous engageant dans cette démarche, nous entendons avant tout contrer les vagues de fake-news qui submergent chaque jour davantage le paysage médiatique et discréditent notre propre travail en mêlant dans un amalgame coupable réseaux sociaux, supports de propagande et presse indépendante, nous confie Matthias Dormigny, responsable des chefs d’agence des éditions Nord pour L’Observateur (groupe Sogemedia). Il est désormais urgent de réagir pour faire valoir aux yeux de nos lecteurs et internautes notre intégrité, notre indépendance et notre professionnalisme. »

Réaffirmer son engagement face aux multiples pressions

Tel que révélé dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2025 de RSF, les pressions économiques sont une entrave majeure à la liberté de la presse. Concentration de la propriété, pressions des annonceurs ou des financeurs, absence, restriction ou attribution opaque des aides publiques… L’économie des médias est d’autant plus mise à mal par la domination des géants de la technologie dans la distribution de l’information dont les plateformes, largement non régulées, captent une part croissante des revenus publicitaires et participent à la prolifération de contenus manipulés ou trompeurs, amplifiant les phénomènes de désinformation. 

En France, « certains annonceurs, nationaux surtout, sont de plus en plus soucieux de l’éthique des médias par lesquels ils passent pour communiquer. Ils veillent à ce que les lecteurs aient confiance dans le média auprès duquel ils vont publier un encart publicitaire, » explique-t-il dans un récent entretien avec Phrases. Et d’ajouter que « […] certains annonceurs n’hésitent pas à conditionner la publication de leurs campagnes de publicité à la nature, voire au ton, des articles publiés. Un travail d’explication est souvent nécessaire pour démontrer qu’une indépendance éditoriale accompagnée d’un professionnalisme sérieux est gage d’une crédibilité qui ne peut que servir le message de l’annonceur. »

Un défi d’ampleur qui motive les journalistes

« Les journalistes comprennent l’enjeu et sont, dans leur très grande majorité, intéressés de participer activement à [la préparation à l’audit de certification JTI], » qui a nécessité une refonte des procédures internes, l’organisation d’échanges internes à tous les niveaux, et un long travail d’explication. Parmi les améliorations et gains obtenus : « la vérification régulière du degré de confiance des sources, le croisement des informations, l’encadrement précis de l’anonymat des sources, les précautions indispensables dans le traitement des faits-divers et des affaires judiciaires. »

« Pour assurer l’ancrage de notre démarche et l’inscrire dans le long terme, nous avons mis en place un audit interne, poursuit-il. Un éditeur du groupe Sogemedia, le rédacteur en chef et le rédacteur en chef adjoint de L’Observateur, contrôlent ensemble, chaque trimestre, la bonne application des règles de notre charte, recensent les difficultés rencontrées et proposent des solutions adaptées. »

Il conclut en espérant que « cet engagement de transparence et de qualité professionnelle imprègne la culture d’entreprise qui est déjà la nôtre, journal historique né il y a 190 ans, qui a traversé de multiples bouleversements historiques, et qui aujourd’hui développe sa transformation digitale en s’appuyant sur des valeurs réaffirmées et garanties par [la certification] JTI. »